Jeudi 18 avril : 7h30 : départ pour Kalaw. On ne sait pas exactement combien de temps le trajet durera, mais il semble que 9h soient nécessaires pour rejoindre le lac Inle depuis Bagan. Une fois de plus la chance n’est pas de mon côté puisque je me retrouve à nouveau au dernier rang, sur le siège du milieu, entouré de françaises finissant leur crise d’adolescence… et critiquant tout sur leur passage (je dois dégager un air familier, je suis plutôt épargné par les remarques). Bref un réel plaisir ! Et puisque la Birmanie « is a very small, small world » on se dit que l’on va surement les recroiser sous peu – jusqu’à présent on ne cesse de revoir les gens croisés à Mandalay, à l’ambassade de Bangkok, dans l’avion, où au resto puisque ces deux bachelières (de justesse sûrement) ont fréquenté le même rade que nous la veille.
Par bonheur, le trajet en bus est plus court que prévu de 2 heures, nous permettant d’être à Kalaw peu avant 15h. La course à la guesthouse reprend, et une fois de plus, nous sommes en tête ! La liste que nous avons est plutôt réduite puisque nous n’avons qu’une seule adresse… autant dire qu’on ne peut pas vraiment se louper. Kalaw est un village, le choix en terme d’hôtels semble, à première vue, très limité.
La chance nous sourit (une fois de plus…), le premier essai est transformé ! Nous décrochons la dernière chambre encore dispo au Golden Kalaw Inn, plus que correcte pour 11$. Les deux ados française débarqueront quelques minutes après nous et devrons se contenter d’un dortoir plein d’Allemands.
Kalaw est, comme je l’écrivais précédemment, un petit village de montagne, qui a gagné ses lettres de noblesses en s’établissant comme le principal point de départ pour les trekkings vers le Lac Inle, distant d’environ 40 km. Il y a probablement autant de guides que d’habitants et apparemment, en haute saison, il n’y en a pas assez pour contenter la totalité des touristes. Ce sera d’ailleurs notre priorité après s’être installé à l’auberge : trouver un guide pour demain ! Nos recherches se sont arrêtées sur Sam’s Family, une institution dans le coin, probablement le plus important organisateur de trek de la région. L’affaire sera réglée en quelques minutes ! Il suffit de préciser le nombre de jours de trek (entre 1 et 4) et si l’on souhaite être seuls (avec le guide) ou en groupe. La seconde étant la moins chère (le coût total étant divisé par le nombre de personnes en gros), nous la choisissons, partant pour 2 jours et 1 nuit. Sam nous annonce que l’on sera 5 au total, avec 1 taïwanaise 1 chinois et une Allemande. Tous coûts cumulés – pick-up jusqu’au point de départ, transfert de mon bagage, guide, hébergement et bateau pour traverser le lac – le trek nous revient à 27 000 kyats chacun (24€), plutôt pas mal ! Rendez-vous pris demain 8h pour le départ…
La fin de journée sera tranquille, un rapide tour du village, essayant de trouver la gare de Kalaw (en se disant qu’en suivant les rails on finira par trouver – théorie qui ne fonctionne que si l’on marche dans le bon sens…), nous rebrousserons chemin la nuit tombant, l’éclairage public étant une utopie dans la région. La nuit sera bénéfique en vue des efforts du lendemain. Dans l’espace commun, un français bourré parle de femmes. Dans la chambre, Jenny est dévorée par les moustiques. Une soirée comme les autres au Myanmar…
Vendredi 19 Avril : Première journée de trek ! Arrivé à l’heure chez la Sam’s Family, le chinois et la taïwanaise (tout heureux de voir débarquer Jenny, une « compatriote » de plus !) sont déjà prêts ! Il ne plus que l’allemande, qui se fait désirer… de plus en plus au fil de minutes. Sam s’impatiente et décide d’aller la chercher à notre auberge, où elle loge apparemment. Il en reviendra bredouille et furieux, la nigaude ayant décidé d’annuler sans prévenir personne… La fâcheuse répercussion sera une répartition des coûts différente (divisé par 4 et plus par 5) et augmentera le prix total de 5€ chacun, « y’a pas mort d’homme ».
Après une brève présentation de nos 2 guides Pou-Pou et Kou-Kou (sûrement écrit PuPu et Kuku), nous partons enfin en van jusqu’au point de départ du trek, à une vingtaine de minute du village. Nous démarrons au milieu des champs, encerclés par les montagnes, dans un paysage que l’on côtoiera la majorité du parcours. Pou-Pou (le garçon) et Kou-Kou (la jeune fille) ont à peine une vingtaine d’année, Kou-Kou à surement moins mais ça reste encore un mystère aujourd’hui. Pou-Pou est chargé d’ouvrir la route, de s’assurer que tout se passe bien, les contacts avec lui seront aussi limités que son anglais… Kou-Kou, à l’inverse, nous informera sur tout et n’importe quoi, répondra à nos questions et nous en posera à son tour (apparemment très intriguée par notre duo). Cette fille est attachante, et par-dessus tout, elle aime son métier, sa région, et ça se sent ! Elle maîtrise l’agriculture sur le bout des doigts, tente sans cesse de nous faire éviter les chemins habituels, à un coté aventureux à la Tom Sawyer (elle en a même le chapeau de paille…).
Lors des premiers kilomètres, le chemin n’est que peu vallonné. Nous croisons des jeunes moines fabriquant des feux d’artifices en écrasant du charbon (à retenir !), quelques animaux, et ramassons des baies… jusqu’ici, tout va bien ! Nous arrivons rapidement au premier village, à la rencontre d’une tribu locale (il y a environ 135 tribus indépendantes dans le pays). Pour être franc par rapport à mon ressenti, je n’ai pas ressenti l’authenticité de la chose, les groupes de touristes s’enchainant autour des femmes tissant écharpes, turbans, et les vendant cela va de soi ! Toujours est-il que le village, les maisons de palme ou de bois, les vaches, les enfants souriants se jetant littéralement sur vous pour demander les bouteilles vides (12 bouteilles d’eau vides se revendent 200 kyat – 20 cents), rendent l’expérience plus qu’agréable.
La route reprend, au milieu des champs couleurs ocre, cultivant piments, pommes de terre, gingembre… La seconde étape sera celle de notre déjeuner, chez l’habitant, au sein d’une autre tribu. Pou-Pou et Kou-Kou préparent un immense repas, composé de spécialités locales, mais ils mangeront de leur côté. Erreur de notre part, on oublie de faire le plein d’eau, et nous devrons tenir l’après-midi avec à peine un litre pour deux. Il va falloir nous rationner.
Le paysage change, plus sauvage, hors des sentiers battus, on croise rivières, pléthore d’animaux, traversons des ponts de bambou, nous baignons dans un canyon (réservé aux hommes – boudhisme oblige). L’effort devient assez intense, le poids du sac se fait ressentir – nous avons conservé le gros sac de rando de Jenny, et nous nous relayons toutes les heures – la chaleur est pesante, on mange de la poussière et l’eau devient rare… Il est temps d’arriver au bivouac !
Après 6h de marche depuis le départ, nous y sommes. Coincé dans la montagne, le village paraît bien plus authentique, plus grand également. Nous savons pertinemment que d’autres groupes de randonneurs y dormiront mais nous ne les verrons jamais. Nous logerons chez l’habitant, un couple atypique, leurs 3 filles et leurs vaches (sous la maison). La douche est à l’extérieur, les toilettes dans une cabane au fond du jardin – trop basses pour moi, je ne peux même pas y entrer…
Une partie de foot avec les villageois, et il fait déjà nuit, l’heure de rentrer diner. La maison, surélevée donc, est composé de deux grandes pièces, l’une héberge la famille, les guides et contient la cuisine, l’autre sera « notre » pièce, dans laquelle on mangera et dormira. Après diner, la famille et Kou-kou se joignent à nous pour échanger sur nos vies respectives. Impression « rendez-vous en terre inconnue » la femme ne parlant pas birman, il y a double, voire triple traduction (la taiwanaise posant une question en chinois, Jenny traduit en Anglais, Kou-Kou traduit en Birman puis le mari traduit dans la langue de l’ethnie). Les questions s’orientent vers les traditions liées au mariage dans nos pays respectifs, nos emplois, les anecdotes des précédant visiteurs… Un échange simple, drôle et touchant.
La journée touche à sa fin, le repos est plus que mérité et le sommeil ne sera pas difficile à trouver ! La marche reprendra demain à l’aube en direction du Lac Inle…
Pour revenir en arrière – Etape 13: BAGAN
Pour lire la suite – Etape 15: TREK – LAC INLE – NYAUNG-SHWE 2/2
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