Carnet de voyage: Myanmar – Étape 16: RANGOON – Fin du Voyage

Lundi 22 avril : 17h le pick-up vient nous cherchez, surchargé comme d’habitude (ça en deviendrait presque normal), et nous emmène hors de Nyaung-Shwe afin de rejoindre la route vers Rangoon, non sans avoir fait 5 fois le tour de la ville afin de récupérer l’ensemble des voyageurs…  A vrai dire, nous sommes étonnés de ne pas arriver dans une véritable gare routière, mais plutôt ce qui s’apparente à un arrêt de bus improvisé, au croisement de la route de Rangoon et de celle de Nyaung-Shwe. On va vite comprendre le fonctionnement et la difficulté de la chose ! Le concept est le suivant : un flot continu de bus déboulant à toute vitesse, s’arrêtant quelques secondes le temps de charger et avant de repartir aussi vite… Pour les passagers : tenter de trouver le bus correspondant à son ticket (écrit en birman bien sûr, sinon c’est pas drôle !) et sauter dedans avant qu’il ne reparte. Les minutes s’égrainent et des dizaines de bus passent, toujours pas le nôtre… Soudain agitation générale, suivant le mouvement on accélère le pas vers le bus qui en effet semble correspondre. Chargement du sac, entrée dans le bus, puis léger problème : un français est déjà assis à ma place, dans le bus plein, et me montrant son ticket, a en effet le même numéro de siège. Confusion générale, précipitation… On finit par nous annoncer que l’on s’est trompé de bus, que le nôtre attend devant : nouvelle course, déchargement, rechargement des sacs et enfin notre place. Je reste dubitatif, ce bus étant bien moins confortable que le précédent, le trajet s’annonce très long.

La ligne Kalaw-Inle Lake et au loin... une station! Si, si!
La ligne Kalaw-Inle Lake et au loin… une station! Si, si!

Les premières heures de trajet pendant qu’il fait encore jour sont plutôt sympas, serpentant au milieu des montagnes et longeant la ligne de chemin de fer Kalaw-Thazi (qui doit être assez mémorable pour le coup, tant le tracé est improbable !). Bien sûr, l’inconvénient de ce genre de trajet, c’est que la moitié du bus est malade… ajoutons à cela les crachats rouges particulièrement nombreux et bruyants des mâcheurs de bétel et vous obtenez un résultat assez folklorique !

Lors de la première pause à la nuit tombée, on sympathise avec le français qui, hasard total, était avec nous dans notre auberge à Bagan lors du festival de l’eau (it’s a very very small world). Comme nous il voyage depuis plusieurs mois, son parcours est assez intéressant. La route reprend pour la nuit quasi non-stop, et divisée en deux parties bien distinctes : la partie montagne (un virage tous les 20 mètres) / campagne (des travaux coupant régulièrement la route, obligeant le bus à passer par le champ voisin, le tout dans le noir le plus total) puis la partie autoroute (une vraie autoroute cette fois, si si !). Autant vous dire qu’il faudra attendre la seconde partie pour espérer trouver le sommeil…

Un vendeur de brioches ambulant pendant la pause...
Un vendeur de brioches ambulant pendant la pause…

Mardi 23 avril : 6h30 du matin, arrivée à la gare routière de Rangoon, après avoir passé la dernière heure dans les bouchons afin de franchir les 500 derniers mètres. Nous retrouvons le français et un autre voyageur pour prendre un café et attendre un moment que le flot de passagers s’évacue un peu (c’est l’heure de pointe traditionnellement à la gare routière). Pour reprendre nos bonnes habitudes nous n’avons pas d’auberge réservée, mais nous disposons d’une shortlist assez longue pour pouvoir trouver un point de chute (reste à croiser les doigts pour le prix). Du fait de l’horaire encore matinale, nous décidons de prolonger l’attente avant de partir à la conquête d’une chambre.

8h passé, on se décide à partager un taxi tous les quatre pour réduire les frais (6000 kyats au total, 5€). Notre point de départ dans Rangoon sera la gare centrale, proche du centre-ville et des premières guesthouses sur notre liste. 1 heure de route plus tard, la chasse commence : n’ayant qu’un vague plan, la navigation se révèle assez facile, la ville étant dessinée tel un quadrillage, à l’américaine. Première hôtel, premier refus,  seule une chambre triple libre à 35$, trop chère pour nous. Au deuxième essai, le proprio indien tente de nous vendre ses chambres sans fenêtre au dernier étage à 33$, nous assurant que pour un « hôtel » on ne trouvera pas moins cher en centre-ville, tant pis, on cherchera quand même ! Le français et son acolyte décident d’aller chercher de leur côté, tant mieux cela augmentera nos chances. Troisième essai : les chambres les moins chères sont à 56$, autant dire que le doute s’installe… Le quatrième essai, mon favori depuis la veille et la lecture du Lonely Planet, sera le bon : l’Okinawa Guesthouse, une petite structure d’une dizaine de chambres pleine de charme, à la décoration 100% japonaise, dépaysement garanti pour 22$ par nuit : mission accomplie !

L'artère principale de Rangoon et au loin, le Sule Paya
L’artère principale de Rangoon et au loin, le Sule Paya

Fatigués de la nuit la journée sera plutôt calme, et du fait de nos 3 jours restant à Rangoon, les visites pourront attendre. Nouvelle priorité : n’ayant pas eu accès à Internet depuis une semaine, nous passerons l’après-midi dans un café pour profiter du lent, très lent Wifi (l’hôtel n’étant pas connecté). La fin de l’après-midi sera consacrée à un rapide tour du centre-ville (rapide signifie pas plus de 3 blocks autour de l’hôtel…) afin de s’imprégner de l’ambiance (et des odeurs, nombreuses) d’une ville résolument différente de ce que nous avons vu jusqu’alors en Birmanie. Rangoon grouille de gens, de voitures (les motos, premier moyen de transport au Myanmar, sont interdites), les bâtiments sont hauts, les commerces modernes. Cela peut paraître un détail mais on y trouve les seuls supermarchés du pays. Le faste d’antan de fait encore sentir dans quelques quartiers, certains bâtiments, dont la mairie ou la gare. Et revers de la médaille, la pauvreté y est également omniprésente. Les cultures se mélangent avec notamment une forte communauté indienne (et plus probablement du Bangladesh voisin).

Diner dans un boui-boui sur une table bancale en pleine rue entre deux poubelles, arrosé de bière (pas chère : 0.60€ la pinte). Fait notable : les coupures de courant sont encore plus nombreuses (et longues) à Rangoon, rendant l’intérieur de la chambre difficilement supportable la nuit.

Le Sule Paya et la mairie, vues depuis le monument de l’indépendance
Le Sule Paya et la mairie, vues depuis le monument de l’indépendance

Mercredi 24 avril : Grande visite de Rangoon. Le programme n’est pas vraiment établi, ce sera selon nos humeurs respectives. Une fois le sympathique petit-déjeuner de l’hôtel englouti, nous démarrons la journée par une visite du Supermarché, une attraction en soit (la passion de Jenny, elle a insisté, mettant en péril ma visite du zoo si je refusais….). Rien de bien spécial, en dehors du contrôle de sécurité hors norme (et hors d’âge) à l’entrée. La cave à vins est impressionnante, et malgré les prix particulièrement élevés, il semble y avoir une large clientèle adepte et capable de se l’offrir – NDLR : hasard du destin, le vin le moins cher est le « Montrouge » décliné sous 4 cépages différents, 7€ la bouteille.

Petite pensée pour les Montrougiens... même au boût du monde!
Petite pensée pour les Montrougiens… même au boût du monde!

La visite se poursuit au zoo de Rangoon, qui diffère assez largement de ce que nous connaissons. Les animaux sont globalement les mêmes, mais la proximité avec ces derniers est impressionnante. Les normes de sécurité sont quasi nulles, les visiteurs sont incités à nourrir les animaux (d’ailleurs les éléphants dansent dans l’optique de convaincre les visiteurs de leur offrir des bananes). Du fait de la chaleur, de nombreux animaux restent cloîtrés au fond de leur cage, et j’en ferais volontiers de même…

Au zoo de Rangoon... pas de normes de sécurité, de cage, ou de fossé...
Au zoo de Rangoon… pas de normes de sécurité, de cage, ou de fossé…

15h et il fait de plus en plus chaud, nous hésitons entre revenir dans le centre-ville pour déjeuner ou continuer vers la prochaine visite. Pour ne pas revenir sur nos pas, nous optons pour la seconde solution et poursuivons vers le nord de Rangoon, en direction de la résidence historique d’Aung San, fondateur du pays (et accessoirement père d’Aung San Suu Kyi). L’imposante demeure est assez difficile à trouver, au milieu du quartier résidentiel des ambassades mais sa visite est intéressante. On en apprend ainsi beaucoup sur le père de la nation, arrivé au pouvoir à 31 ans seulement en 1946 et assassiné l’année suivante. La maison fourmille d’anecdotes et d’objets relatant la vie de famille et l’ascension fulgurante au sein de l’armée puis dans les fonctions officielles.

Les anciennes maisons bourgeoises de Rangoon
Les anciennes maisons bourgeoises de Rangoon… aujourd’hui à l’abandon

Fin d’après-midi, nous allons tenter de rejoindre notre dernier objectif avant la nuit, mais auparavant, il nous faut nous restaurer ! Une longue marche toujours en direction du nord nous attend, notre but est d’apercevoir (et c’est un bien grand mot) la résidence d’Aung San Suu Kyi. L’adresse dont nous disposons n’est pas bien claire et il nous faudra une bonne heure de marche avant de trouver notre Graal… Nous nous étions renseigné et afin d’éviter tout faux espoir, nous savions d’avance que nous ne pourrons pas voir grand-chose, un grand mur d’enceinte empêchant tout voyeurisme. Sur ce point-là, les informations étaient justes, malgré le promontoire mis en place de l’autre côté de la route, c’est à peine si l’on peut apercevoir le toit de la maison dans laquelle Aung San Suu Kyi a été enfermée plus de 10 ans. On se consolera en assistant à l’ouverture du portail et la sortie d’une délégation coréenne, l’endroit hébergeant également le siège de son parti politique : la Ligue du Peuple. Retour épuisé en taxi mal négocié (3000 kyat ; 3€) et dîner à 2 pas (littéralement) de l’hôtel…

Depuis le mur, la résidence d'Aung San Suu Kyi, qui a également été sa prison pendant plus de 10 ans
Derrière le mur, la résidence d’Aung San Suu Kyi, qui a également été sa prison pendant plus de 10 ans

Jeudi 25 Avril : dernière journée à Rangoon (et en Birmanie) avant notre départ. Le programme sera plus léger que la veille, apercevoir la pagode Shwedagon et si possible prendre le train pour faire le tour de l’agglomération.  Nous démarrons tardivement, en partie  à cause de ma concentration face à l’écran de télé rediffusant le match Dortmund-Real de la veille. Direction la gare centrale de Rangoon. Le bâtiment est imposant et le trafic ferroviaire y semble dense.  Il est presque midi et le prochain train sera à 13h, prenons 2 billets (1$ chacun, 5 fois le prix payé par les birmans), et profiterons pour refaire un tour au « paradis de Jenny » : le supermarché ! A notre retour à la gare, nous sommes l’attraction des locaux, les touristes étant rares sur cette ligne qui ne présente aucun attrait touristique (c’est comme si des touristes s’amusaient à prendre le RER C aux heures de pointe…).  Oh surprise sur le quai lorsque nous apercevons la touriste taïwanaise qui a partagé le trek à Kalaw avec nous. Jenny est forcément ravie, moi un peu moins à l’idée d’entendre parler chinois pendant toute l’après-midi.

A la gare de Rangoon, en attendant notre train!
A la gare de Rangoon, en attendant notre train!

Ce train « de banlieue » a la particularité d’effectuer une boucle autour de Rangoon (jusqu’à l’aéroport), durant 3 heures, offrant l’occasion d’observer la vrai Rangoon, hors de son centre-ville. Ici, point de confort, malgré les deux classes de voyages. Des banquettes en bois et autant d’aérations que possible (portes et fenêtres ayant été supprimées). Le train s’arrête toutes les 5 minutes et ne dépasse jamais les 20 km/h. Les vendeurs ambulants y sont aussi nombreux que les voyageurs proposant fruits, gâteaux, boissons ou encore gel douche… Les « glaneurs » de bouteilles en plastique y ramènent également leurs imposants sacs remplis de leurs travailles. Une expérience à tester… si vous avez de la patience !

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Tout se vend dans le train, du poisson à la crème hydratente pour les pieds…

Retour à Rangoon en fin d’après-midi et direction le Shwedagon Paya pour observer le coucher du soleil (le meilleur moment paraît-il, le soleil se reflétant sur les dorures de la pagode). Petite précision qui a son importance, l’entrée au sein de la pagode est facturé 5$ aux touristes, nous nous sommes donc mis d’accord pour… ne pas y entrer ! Après tout nous avons eu l’occasion de visiter gratuitement des centaines de pagodes lors de nos précédentes étapes, nous ne mourrons pas de ne pas voir celle-ci de près. De plus la fatigue commence à s’accumuler, le train n’ayant pas aidé…

Quelques photos plus tard, nous rentrons vers le centre-ville en passant par le quartier chinois et l’animé marché de rue jusqu’au Sule Paya. Dernière soirée à Rangoon ponctuée par un festin (au niveau de la quantité), notre premier vrai repas de la journée et l’occasion d’utiliser les Kyats qu’il nous reste. Dernière bière Myanmar qui, avouons-le, ne me manquera pas…

Les restes de l'architecture coloniale britannique, encore très visible dans la ville
Les restes de l’architecture coloniale britannique, encore très visible dans la ville

Vendredi 26 Avril : Départ de Rangoon. Le taxi (ou plutôt l’objet roulant transportant des passagers et dont on se demande par quel miracle l’engin fonctionne encore…) passe nous cherchez à 6h45 à l’hôtel, direction l’aéroport. Dernière visions de Rangoon et plus globalement de la Birmanie. Hasard du destin toujours nous croiserons de nouveau le français à l’aéroport, celui-ci prenant exactement le même avion que nous (Myanmar is a very very small world…).

L'aéroport International de Rangoon... fin du périple et retour à la vie "presque" normale...
L’aéroport International de Rangoon… fin du périple et retour à la vie « presque » normale…

Je range mon habit d’aventurier (mon short…) pour un costume plus classique. L’impression du devoir accompli nous gagne. Le périple a été intense, enrichissant, souvent beau, parfois stressant, plein de surprises. Merci 1000 fois Jenny  de m’avoir supporté pendant ces 45 jours de voyage. On ne peut s’empêcher de penser d’ores et déjà au prochain (la Mongolie, le Népal peut-être…). De mon côté j’ai pris plaisir à écrire ces journées vécues dans ces 4 pays si différents les uns des autres. J’espère que ce récit servira, à moi c’est sûr, il servira…

Pour revenir en arrière – Etape 15: TREK – LAC INLE – NYAUNG-SHWE 2/2

 Pour lire la suite  … ça va être compliqué!

Un quai?? A quoi ça sert?
Un quai?? A quoi ça sert?
Un mikado géant??
Un mikado géant??

Pour revenir en arrière – Etape 15: TREK – LAC INLE – NYAUNG-SHWE 2/2

 Pour lire la suite  … n’insistez pas!

 

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