Lundi 1er Avril : Départ pour le Cambodge!
Profitant de mes miles Air France, on a pu trouver un vol Taipei – Phnom Penh avec une escale à Canton pour pas trop cher. En contrepartie, le trajet durera 10h. Partant à 13h, nous avons prévenu l’auberge que nous arriverons tard. Le voyage démarre bien ! Le lounge de l’aéroport de Taipei est une merveille, douche high-tech, plats préparés sur commande, Château Margaux 1999… on reviendra ! La première partie du vol, opérée par China Airlines (la compagnie officielle de Taiwan) est une très bonne surprise également: on y mange bien, le personnel est plus qu’aimable, et surtout le système vidéo propose l’ensemble des films sortis ces derniers mois (de Django au Hobbit). On en serait presque à regretter que le vol soit si court.
Arrivé à Canton, changement d’ambiance ! C’est la Chine et ça se sent… agent d’escale peu aimable (et c’est un euphémisme), fumoir aux limites pas vraiment définies, propreté douteuse de l’aéroport… Les cinq heures d’escales vont pourtant passer plutôt vite, grâce au lounge Skyteam (merci Air France encore) et au vin – encore. Le second vol, en revanche, est opéré par China Southern, et là, la différence se fait immédiatement sentir : passagers qui rotent, pètent et crachent, nourriture infâme (ayant demandé le poulet, je me suis retrouvé avec une l’autre choix – une tarte chinoise, dont je cherche encore les ingrédients…). Pour couronner le tout, le vol aura du retard, on arrivera donc peu avant minuit !
Phnom Penh enfin ! Je redoutais l’étape du visa à l’arrivée mais au final, tout s’est passé pour le mieux. Les douaniers parlent français, tout se fait rapidement et sans aucun soucis (20$ le visa de 30 jours). Les prix du trajet jusqu’à la ville sont fixes donc pas besoin de négocier des heures (9$ en taxi, 7$ en tuk-tuk), encore un bon point, cela nous évitera de perdre davantage de temps. Petite précision, le Cambodge vit avec deux monnaies, dont le dollar US, il nous sera donc inutile d’échanger de l’argent (heureusement on le savait à l’avance). A ce propos, ne roulant pas sur l’or, nous avons prévu un budget de 650$ chacun… le pari va être de réussir à tenir jusqu’au bout des 27 jours (Myanmar compris).
Dès la sortie de l’aéroport, la chaleur se fait tout de suite ressentir, même à minuit il fait encore 29°… Le taxi nous emmène jusqu’à l’auberge Mini Banana que l’on avait réservé par email, mais surprise à l’arrivée notre chambre a été donnée à d’autres voyageurs arrivés plus tôt. En contrepartie, le gérant nous propose deux lits dans un dortoir, vide à cette heure là, nous indiquant que les autres personnes sont sorties et ne rentreront que vers 4h du matin. Sans autre possibilité vue l’heure, nous acceptons. La nuit sera courte, chaude (pas de clim, juste un ventilo) et bruyante (en effet, les anglais ont bien débarqué bourrés à 4h…). Le lendemain matin nous pouvons enfin avoir notre chambre, mais la clim sera pour une autre fois, on devra faire avec la chaleur intenable et un chat qui parvient inexplicablement à rentrer dans la chambre.
Mardi 2 avril : première découverte de Phnom Penh. Faisant face au problème du visa pour la Birmanie, nous tentons de trouver l’ambassade du Myanmar, non sans difficultés et sous un soleil de plomb (il fait déjà 37° à l’ombre… et de l’ombre, il n’y en a pas beaucoup !). Malheureusement, le visa prend 5 jours pour être validé, on devra donc croiser les doigts pour réussir à l’obtenir à Bangkok.
Phnom Penh est une ville impressionnante, l’écart entre riches et très pauvres est flagrant, les enfants triant les poubelles se comptent par dizaines, autant que les Hummers flambant neufs (appartenant probablement à des hommes de l’administration, le Cambodge étant réputé pour sa corruption). La ville ne compte que très peu d’attraits touristiques, mais sert surtout de point de départ pour les backpackers découvrant le pays. La présence française est, à l’instar du Vietnam, encore très présente dans la ville, rues (notamment l’avenue Charles de Gaulle), bâtiments, magasins sont encore écrit en français et nombre de cambodgiens le parlent plus que correctement. D’ailleurs, je suis surpris par le nombre de touristes français présents, de loin les plus nombreux. Les tuk-tuks locaux, sorte de carriole tirée par une mobylette) sont si peu chers – 1$ la course – que l’on ne manque pas de les utiliser (marcher est insoutenable à cause de la chaleur, et traverser la rue une épreuve plus que dangereuse). On se décide de voir le centre-ville, son palais, quelques temples mais là encore, rien d’extraordinaire.
L’après-midi nous allons au marché central, aussi intéressant pour son architecture (marché l’AFD pour sa rénovation) que pour l’ambiance qui y règne, puis nous profitons de la chaleur moins pesante pour marcher un peu et aller jusqu’à la gare ! Ceci peut paraître complètement banal, sauf que le Cambodge a la particularité de ne plus avoir aucun train depuis longtemps. De ce fait, c’est un lieu fantôme que l’on découvre, ambiance de fin du monde garantie. Nous marchons encore un peu, le soleil se couchant, vers le fleuve, croisant singes et chauves-souris.
Afin de digérer notre dîner arrosé de bière locale à 0.50$ la pinte (nous avons décidé d’adopter la méthode « deux repas par jour », pas simple vu les calories dépensées pendant la journée), nous rentrons à pied, longeant le fleuve. Le soir, c’est LE lieu de rendez-vous des locaux, qui profitent de la fraîcheur pour sortir. Les gens mangent, boivent, dansent, font du sport, le tout est plus que convivial. Une longue journée se termine enfin…
Mercredi 3 avril : le programme du jour est plus léger (en apparence…), nous commençons – tard – par déjeuner au Lotus Blanc, un restaurant crée par une ONG française qui aident les jeunes travaillant dans les décharges, leur proposant une formation hôtelière. L’expérience est plus que réussie, 8$ chacun, on mange plus que bien, et le service est au top ! Nous nous rendons ensuite visiter le S21 ou communément appelé la prison de Suol Tleng en pleine ville. Le lieu est chargé d’histoire, cette ancienne école ayant été réquisitionnée par les khmers rouges pour devenir un centre de rétention pour les prisonniers du régime. Plus de 20 000 cambodgiens y sont morts en 4 ans (de 75 à 79), seuls 7 ont survécu. Le régime de l’époque n’emprisonnait pas uniquement les opposants au régime mais également tous les intellectuels ou prétendus comme tels: il suffisait parfois de détenir des livres ou de porter des lunettes pour être considéré comme un danger potentiel et ainsi être éliminé. Les bâtiments n’ont quasiment pas changé, les cellules minuscules construites à la va-vite dans les salles de classe, les instruments de tortures, les barbelés, les ordres sur les tableaux noirs, tout est encore en place, rendant l’atmosphère plus que lourde. La visite nous prendra une grande partie de l’après-midi, tant nous sommes absorbés par le lieu, apprenant au passage énormément de choses sur cette période sombre de l’histoire (notamment que les khmers rouges n’ont officiellement été interdits qu’en 1996 et que le procès des responsables criminels de guerre n’eut lieu qu’à partir de 2007 – l’un des responsables du S21 étant défendu par ce cher Maitre Vergès au passage…).
Pour nous changer les idées après ce dur moment, nous marchons jusqu’au stade Olympique (construit pour des jeux asiatiques qui n’ont jamais eu lieu…). L’architecture du stade est unique en son genre, semblant avoir été creusé au milieu d’une colline. On arrive en plein match de football de première division cambodgienne, j’ai le sourire. Pendant ce temps, les locaux se rassemblent sur le pourtour du stade par groupes pour faire de la gym, donnant lieu à un battle d’enceintes (et de musique de mauvais goût…). 5 litres d’eau chacun et quelques bières plus tard, fin de la journée… Demain nous partons aux aurores pour Sihanoukville, voir la mer !
Pour revenir en arrière – Etape 7: TAIPEI (suite et fin)
Pour lire la suite – Etape 9: SIHANOUKVILLE