Bientôt des vols directs entre Paris et Sydney?

Les fabricants d’avions aiment faire l’éloge de leurs derniers gadgets et divertissements dans le but de dédramatiser les longues heures de vol qui vous attendent vers les destinations lointaines. L’Airbus A380 le Superjumbo et Boeing 787 Dreamliner tentent en réalité d’amadouer le public avec une combinaison d’hyperboles et d’avancées technologiques réelles. Cependant, deux facteurs ne vont probablement pas changer pendant au moins les 20 prochaines années : la quantité d’espace personnel qui vous est allouée et le temps que cela prend pour arriver à destination.

Est-ce vraiment pertinent de proposer des vols directs à destination de l’Australie?

Alors oui, la technologie vous permettra à terme de diviser par deux le temps nécessaire pour  voler de Paris ou Londres jusqu’à la  côte est australienne. Cependant, ce sera seulement sur des jets privés supersoniques encore en phase de développement.

En attendant, dirigés par leurs clients les compagnies aériennes, les fabricants continuent à remanier leurs produits, qui pourraient aboutir d’ici la fin de cette décennie à un raccourcissement de temps de voyage à destination de l’Australie sur de très longs parcours (depuis l’Europe ou les USA). Ceci serait rendu possible par l’élimination d’arrêts intermédiaires grâce aux projets ultra-longue-portée tels que le Boeing 777, l’Airbus A350 et peut-être même l’A380.

Pour la première fois, il serait possible de voler de Sydney ou Melbourne sans arrêt vers Paris,  Londres ou New York, situés à 16,000 à 17,000 kilomètres de là. Cependant, ce qui rendra en fin de compte de tels vols possible sera la demande, conduite principalement par des voyageurs d’affaires, pour des liaisons sans arrêt entre la côte d’est des EU et l’Asie du Sud-est.

Il existe déjà des vols non-stop entre Singapour et New York (15,300 kilomètres) et Singapour et Los Angeles (14,100 kilomètres), mais ils sont opérés par Singapore Airlines (SIA) avec l’Airbus A340s embarquant uniquement 100 passagers de classe affaires payant des sommes astronomiques. La charge utile sur cette liaison étant si limitée, ce n’est pas une mine d’or pour Singapour Airlines, mais cela permet à la compagnie d’empêcher ses clients de s’éloigner vers les services de moindre qualité offerts par ses concurrents.

Les compagnies aériennes invitent les fabricants d’avion à mettre l’accent sur les économies dans la consommation de carburant par passager en hausse de 15% et sur la capacité à dépasser le seuil aujourd’hui limite de 300 passagers par vol. Qantas, par exemple, estime qu’ils sont à la limite de ce qui est économiquement faisable avec son nouveau service non-stop de Sydney jusqu’à Dallas (soit 13,800 kilomètres), opéré avec le Boeing 747-400ER avec juste 307 places réparties sur quatre classes – alors que l’appareil peut en contenir jusqu’à 660.

Alors vient le calcul suivant : pourriez-vous remplir un avion avec assez de personnes assez désespérées pour voyager sans pause de Sydney à Londres en environ 20.5 heures, comparées avec les 24 heures actuellement nécessaires et incluant un arrêt à Singapour ? Seriez-vous préparés pour être coincé dans un petit siège de classe économique pendant presque une journée sans pause ? Tout cela pour une économie de trois heures et quelques minutes? La réponse n’est pas si évidente.

Il semble que la prochaine génération d’appareils – les « Zero Emission High Supersonic Transport » (ZEHST), concept mis en valeur l’année dernière par l’Airbus, capable de vol sous-orbital entre Sydney et Paris en moins de six heures – n’est pas pour demain. Airbus estime que ce projet remplaçant de Concorde nécessiterait entre 30 à 40 années de développement avant sa mise sur le marché.

L’avenir de l’aviation… pas avant 30 à 40 ans!

La problématique majeure est que les coûts unitaires – les cents par place et par kilomètre – imposent leur loi. Et augmenter ces mêmes coûts unitaire est bien le dernier souhait des compagnies aériennes, particulièrement en cette époque de lutte face aux dépenses dans l’hémisphère nord.

Êtes-vous encore heureux de scinder votre voyage avec une escale sur des parcours ultra-long-courrier ? Si vous voyagez pour affaires, la réduction du nombre d’heures de vol est-elle un enjeu majeur ?

 

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